Sur la route...

mercredi 14 janvier 2015

Changement de braquet

Nous avons éternisé notre séjour à Cholula. Chez Ana et Joël, nous étions comme à la maison, ou comme chez des amis plutôt. Outre leur générosité et leur bonhomie sans faille, ils sont de vraies encyclopédies vivantes. Ana finit sa thèse en anthropologie (elle a étudié les problèmes médico-sociaux qu'engendrent les grossesses chez les jeunes filles au Chiapas, sa province d'origine) et nous fait partager son savoir. Nous apprenons notamment sur l'histoire et le quotidien des populations indigènes. 
Cholula d'ailleurs, se révèle être un haut lieu historique au Mexique. A l'époque précolombienne, c'était une des cités les plus importantes d'Amérique Centrale, on y trouve encore les vestiges de la plus grande pyramide du monde (en terme de volume). A l'arrivée des Espagnols, la citée fut anéantie et ses habitants massacrés. Les vainqueurs se sont alors empressés d'ériger une église au sommet de ce monument. Aujourd'hui la ville compte 100,000 habitants et 64 églises ! Une pour chaque saint qui correspond aussi à une divinité des indiens. Curieux mélange religieux, et belle stratégie de la part des conquistadors pour évangéliser en douceur les « sauvages » !
Autre atome crochu avec nos hôtes, la gastronomie. Eux nous font découvrir les spécialités de la région, au premier rang desquels figure le « Mole Poblano », sauce à base de chocolat et d'épices (pas vraiment à notre goût). De notre côté, nous profitons de la cuisine toute équipée et du superbe marché local pour leur mijoter de bons petits plats.

Nous quittons le temps d'un week-end la vue sur les volcans et le soleil radieux de Puebla pour l'air humide de Cuetzalan. Ce petit village plein de charme est perché dans les montagnes à la limite de l'état de Veracruz. Le brouillard peine à se lever, l'ambiance est mystérieuse. Le glouglou d'un dindon nous guide vers les premières allées du marché. C'est le lieu de rendez-vous hebdomadaire des Nahuas (le peuple autochtone descendant des Aztèques) qui viennent échanger leurs marchandises et faire le plein de commérages. On y retrouve aussi l’incontournable artisanat local (ou made in China allez savoir!), alternative économique de second choix pour ces paysans pauvres à qui on a volé les terres.

Nous passons encore quelques jours à Puebla, ville connue pour son passé colonial qui nous surprendra aussi par sa modernité. Nous visitons notamment l'exposition d'Abraham Cruzvillegas au musée d'art contemporain de la ville, nous n'avons rien compris !
Après une quinzaine de jours en leur compagnie, il est temps de dire adieu à nos amis. Nous nous faisons la promesse de nous retrouver. Nous reprenons la route direction Tehuacan puis l'état de Oaxaca dont nous avons tant entendu parlé. Malheureusement, une douleur latente à la cuisse chez Justine se réveille et nous devons changer de braquet. Frustrés et fatigués, nous hissons nos bicyclettes sur le toit du bus.

Nous arrivons dans la ville de Oaxaca en plein festival. C'est le premier du nom, organisé pour célébrer le classement de la ville par l'Unesco au patrimoine mondial. En musique, nous parcourons les rues pittoresques de la citée et ses nombreux édifices religieux. Encore une ville de gastronomie, même pas fait exprès ! Ses trois symboles culinaires étant le cacao, le fromage et le mezcal. Ce dernier est un cousin de la tequila, eau de vie d'agave, réputée meilleure (pas pour nous!).

Toujours handicapés par une patte folle, nous décidons de retourner voir l'océan Pacifique pour se refaire une santé. Entre Puerto Angel et Mazunte, la mer a prit quelques degrés depuis la Californie, fin décembre on s'y baigne agréablement. A Zipolite, nous élisons domicile dans une cabane, les pieds dans l'eau, la tête à l'ombre des cocotiers. Cette partie de la côte est prisée des hippies, la plage où nous sommes se veut aussi nudiste. Un soir, en admirant le coucher de soleil, sirotant une piña colada, notre regard se porte sur un curieux édifice triangulaire sur le sable, façon prisme capteur d'énergie. Au centre un homme nu, les bras levés vers le ciel. A zipolite, on médite la quéquette à l'air !
Nous faisons la connaissance d'Armando, chapeau vissé sur la tête, peau burinée par le soleil. Il accepte de nous louer son vieux tricycle pour une semaine. Une chaise de plage, deux tendeurs, nous en faisons un carrosse pour sa majesté Justine. Par trente cinq degrés à l'ombre, dans les virages en lacet, Gautier mouille sa chemise et entretien son physique et son bronzage de cycliste.
Après avoir visité le centre d'étude et de soins des tortues marines, nous décidons d'aller les voir dans leur milieu naturel. Nous partons en excursion organisée (une fois n'est pas coutume) pour observer la vie marine : tortues, baleines, dauphins, raies « volantes ». Les brochures sont alléchantes, nous y croyons guère. Que nenni, nous les avons tous vus, et même plus ! En apercevant à la surface de l'eau une première tortue, notre voisin de droite, slip, marcel et bob trop serrés, se lève et effectue un plat mémorable pour aller étreindre l'animal apeuré. Clic ! Photo souvenir prise par Maman. « Ah le beauf ! ». En fin d'excursion, nous apprenons qu'il s'agissait tout simplement du consul général de France en vacances familiales. L'ambassadeur en slip de bain qui fait un plat, ça valait presque tout le reste !
Toujours en carrosse, nous parcourons les environs. Au port de Puerto Angel, nous retrouvons des scènes de vies qui nous sont chères. Les hommes rentrent de la pêche, les enfants taquinent la sardine depuis la jetée pendant que d'autres se baignent entre les bateaux. Le poisson roi ici est la dorade, pas n'importe laquelle, la cauriphène s'il vous plaît. Drôle de tronche mais chair succulente ! On y pêche aussi des langoustes, du poulpe et des carangues, nous n'y résistons pas.

Nous sommes le 22 décembre, les fêtes approchent, c'est tentant de rester. Pourtant nous avons comme une envie de froid, qui nous donnerait l'impression d'être plus proche de notre pays et de nos familles. C'est ainsi que nous repartons pour les hauteurs du Chiapas et plus particulièrement à San Cristobal de las Casas. La ville prépare Noël. On vend des dindes et des pétards. Et aussi des piñatas, grosses figurines en papier mâché ou céramique, que les enfants de tout âge, doivent frapper les yeux fermés, jusqu'à ce qu'elles se brisent et libèrent leur contenu de bonbons. 
La ville est très touristique mais reste charmante. Le marché central est en effervescence, façon Super U un 24 décembre. Pas de bourriches d’huîtres ou de saumon fumé, ici on se bat pour la dernière livre de tortilla ou de péteux. A la caisse, les amérindiens font recette, la soirée promet d'être animée de retour au village.
Nous logeons dans une auberge de jeunesse où nous formons un club « d'orphelins de Noël ». D'un commun accord, il est décidé de célébrer le réveillon tous ensemble. Chacun apportera un petit cadeau et une contribution culinaire. Belle idée ! Sauf que les convives sont en majorité anglais et américains. Gautier panique, ça lui rappelle un certain réveillon à Phương Mai (!). Le repas de Noël c'est sacré, hors de question de ruiner notre palais avec des petits pois à la menthe. D'accord, nous gardons des parts pour le dîner commun mais d'abord, nous nous délectons de notre festin en toute discrétion. Au menu, foie gras et sancerre (trimballés depuis l'Alaska), gratin dauphinois, poêlée de champignons et filet mignon Orloff, un régal !
La soirée se poursuit chez des amis mexicains, ambiance sympa, mezcal et piste de danse. Côté repas, en revanche, on avait bien senti le coup, sur la table centrale trônent chips, hot dogs et le must : du bacon au chocolat (véridique!). Vient l'heure de s'échanger les cadeaux, nous repartons avec un bonnet et une paire de chaussettes en laine (pas sûr qu'ils nous soient très utiles dans les tropiques).

Nous nous endormons ce soir là, la tête en Bretagne et en Normandie, à 10,000 kilomètres d'ici.


Puebla, le grand bleu

L'avenir dans le marc de café

Déco de l'église tout en sobriété

Magnifique bibliothèque de Palafoxiana

Dealers de Kawa

Dans les rues de Cuetzalan

Voladores de Cuetzalan

Notre préférée

Jours de solde

Marché conclu

Il fait trop chaud pour travailler

La casa del sol

Concerto pour Oaxaca

Douce lumière

Etal de poissonnerie

Baignade du soir

Retour de pêche

Pas besoin de port

Petite tortue deviendra grande

Sa majesté a dit "poussez"

Fin de journée pacifique

Rorqual commun et son baleineau

007 sort de l'eau

Marché aux péteux

Couleurs Mayas

Le père noël est passé!

Joyeux noël en Normandie!

Joyeux noël en Bretagne