Sur la route...

samedi 21 février 2015

En pays Maya

Le réveil sonne trop tôt ce jeudi matin 25 décembre. Nos petites têtes bourdonnent, on resterait bien au lit. Pourtant la route nous appelle, il est temps de quitter le Mexique. Nous avons une pensée pour tous les gens qui nous ont accueilli et nous ont fait aimer ce pays.

Chemin faisant vers le Guatemala, dans la campagne harmonieuse du Chiapas, nous faisons escale à Palenque. Ville sans grand intérêt, si ce n'est celui de se trouver aux portes d'un des plus importants site archéologique Maya. Nous décidons de nous offrir les services d'un guide pour visiter ces ruines. Du haut de ses 16 ans, Juan en connaît un rayon sur la grande civilisation disparue il y a 1000 ans.
 Le site est immense et s'étend dans la jungle environnante. C'est l'utilisation des satellites qui a permit d'estimer l'importance et l'organisation de la citée. Certaines pyramides sont totalement recouvertes de végétation et se font passer pour des montagnes. Les archéologues n'ont mis à jour qu'à peine 10% des bâtiments de l'ancienne ville. Quant à nous, nous ne parcourons que les 2% ouverts au public, essentiellement des édifices religieux, des tombeaux et les anciennes demeures royales. Les Mayas ont développé une écriture et un système de calcul, ils étaient également de brillants astrologues, médecins ou architectes. Chacun connaît le calendrier Maya. Avec 18 mois de 20 jours, soit 360 jours, ce calendrier a un défaut : il a un décalage de 5 jours par rapport au soleil. Ces 5 jours considérés comme maudits étaient les plus sanglants de l'année. Chaque nourrissons nés entre le 5 et le 10 août étaient sacrifiés. Justine n'aurait donc pas fait long feu chez les Mayas. 
Peuple de génie pour les uns, de sanguinaires pour les autres, l'extinction de la civilisation Maya demeure un mystère. Plusieurs hypothèses sont avancées, on parle d'une sécheresse terrible qui les auraient affamés ou bien de conflits internes incessants. Pour certains, ils auraient tout simplement été kidnappés par des extraterrestres. A vous de juger !

Nos vélos sont en équilibre sur une barque d'un mètre de large. De l'autre côté du Rio Usumacinta se trouve le Guatemala. Le poste frontière est au milieu de nulle part, le douanier ne doit pas souvent voir ses subordonnés et fait du zèle. En guise de bienvenue, il nous soutire nos derniers dollars. 
La route se transforme en piste chaotique et il nous faut de nombreuses heures pour rejoindre les rives du lac Peten Itza. Nous élisons domicile à El Remate, dans l'auberge « Mon Ami », chez Santiago, un Franco-Guatemaltèque. L'endroit est calme, entre la jungle luxuriante et le lac aux eaux limpides. Didier est en cuisine, écrevisses, chevreuil et viande de brousse dans les assiettes, il nous régale. Nous faisons également la rencontre de Sylvain et Camille, couple de Lyonnais fort sympathiques. Voilà une bonne adresse pour passer les fêtes. Avec tout ce petit monde, nous accueillons agréablement 2015, entre feux d'artifices et maquillage, l'ambiance est bon enfant.
Bien nichés à la fraîche dans notre casa aux murs de terre, nous faisons une cure de sommeil. Une nuit, nous sommes réveillés par des rugissements terribles, y aurait-il un vélociraptor dans la salle de bain ? Au matin, Santiago nous explique, l'air moqueur, qu'il s'agissait de singes hurleurs. Nous nous remettons de nos émotions dans l'eau fraîche du lac, jusqu'à ce que notre voisin sur la rive nous fasse remarquer qu'un crocodile nous guette à quelques mètres de là.
Départ très matinal pour rejoindre le site archéologique de Tikal, autre exemple de la grandeur de la civilisation Maya. Outre son intérêt culturel et architectural, le site de Tikal recèle une atmosphère particulière, presque mystique. C'est au lever du jour qu'on prend la pleine mesure de la puissance du site. Perchés sur une pyramide millénaire, nous admirons le soleil qui envoie ses premiers rayons brûlants sur la canopée. Au même instant les singes hurleurs donnent de la voix. Comme un signal, les insectes leur répondent et les toucans prennent leur envol. C'est toute la jungle qui se réveille. Nous gardons le silence, nous nous sentons tout petits.

La carte d'Amérique centrale à plat sur la table, nous traçons au doigt des itinéraires possibles. Où aller? Sylvain, photographe talentueux, nous montre ses clichés du Guatemala. Il finit de nous convaincre d'explorer plus en profondeur ce pays. Mais avant de continuer notre route vers le sud, nous décidons de faire une escale de quelques jours au Belize.
Nous sommes toujours en territoire Maya, pourtant l'ambiance est bien différente. Ce petit pays de 340,000 habitants, ancienne colonie anglaise, est un vrai melting pot. A Belize city comme sur les îlots de la barrière de corail, nous rencontrons principalement des Créoles et des Garifunas. Ambiance Caraïbe nonchalante sur fond reggae, ici la sieste dure la majeure partie de la journée. Des dizaines de frégates, sternes et pélicans nous accueillent à notre arrivée sur Caye Caulker. Sous ses airs de carte postale, la petite île semble à bout de souffle. C'est le tourisme qui la maintien sous perfusion, jusqu'à quand? Les eaux du lagon offrent toute la palette de bleu imaginable. Dessous c'est encore plus beau, les fonds marins sont superbes et très poissonneux, nous nageons parmi les raies, requins nourrices, barracudas et autres mérous. Pourtant à la partie quotidienne de pêche, nous sommes encore et toujours broucouilles.

Nous repartons vers le Guatemala voisin, du bleu plein la tête, du sel dans les cheveux, avec un peu de regret de ne pas avoir découvert les autres facettes de ce pays.
Nous récupérons nos vélos chez Santiago et parcourons la rive nord du lac à la recherche des Quebequois ! Introuvables. L'énigme de Kévin et Cloé reste entière. A San Jose, ce sont Roberto et Ofelia qui nous accueillent un soir d'orage, nous sommes ravis de « planter la tente » au sec dans la chambre d'amis. Originaires de Guatemala city, ils ont quitté la capitale à la recherche d'un travail et d'une vie meilleure. Sur les rives du lac Peten, ils entretiennent et gardent une plage privée contre un salaire de misère. Au moins ils ont un toit et mènent une vie paisible loin de la violence des villes nous disent-ils.

Nous arrivons à Flores, site prisé des touristes qui nous laisse froid. Nous décidons de nous diriger vers Rio Dulce. Justine n'est pas inspirée et traîne la patte, elle sera très agréablement surprise par ce site exceptionnel et unique. La ville est située au bord du lac Izabal, accessible par la mer via le large fleuve Rio Dulce. Cette situation en fait un lieu privilégié pour les plaisanciers qui voguent dans les Caraïbes et souhaitent abriter leur voilier pendant la saison des cyclones. Nous prenons quartier à l'auberge Tortuga sur une presqu'île. Cabanes sur pilotis, pontons en bois ; ambiance Pirates des Caraïbes. Nous sommes semble-t-il les seuls clampins à vélo parmi des marins du monde entier, moyenne d'age : 60 ans, véhicule : voilier de trente mètres.
Par le fleuve Rio Dulce et les gorges du même nom (qui ont servi de décors au film Jurassic Park), nous rejoignons Livingston où l'on retrouve la culture et le pouls Garifuna.

On prend de l'altitude à Guatemala city et Antigua (plus sympathique et touristique). Cette belle ville coloniale est entourée de volcans somptueux, nous y ferons une escale agréable. Une ville musée qui nous paraît toutefois un peu à côté de la réalité Guatémaltèque. Nous nous remettons donc en selle à la recherche de plus d'authenticité.
En terre volcanique, la route grimpe, les mollets chauffent, Justine grogne. Nous traversons de jolies communautés. Après les ruines, nous découvrons la culture vivante Maya. Car si la civilisation s'est effondrée il y a bien longtemps, le peuple, lui, a survécu. Aujourd'hui 40% des habitants du Guatemala sont des Mayas. On en prend plein les mirettes, le choc culturel est là. Sur le marché de Patzun, nous ne pipons pas un mot de ce qu'il se dit, ici on parle un des nombreux dialecte Maya. Nous nous réfugions sous le porche de l'église pour contempler l'activité du bourg sous les couleurs chaudes du soir. Tout nos sens en éveil, nous dégustons un Tamale (gâteau de maïs fourré de viande de poulet, entouré de feuille de bananier et cuit à la vapeur). Nous ne pensons même pas à sortir l'appareil photo devant toutes ces scènes de vie.
Au col de Godinez, nous sommes à bout de souffle. En basculant sur l'autre versant, nous l'avons coupé ! La vue est saisissante. Devant nous le lac Atitlan scintillant et les trois volcans qui l'entourent. Les rayons du soleil filtrent à travers les nuages qui s'épaississent et annoncent l'orage du soir. Nous restons un moment contemplatif devant ce paysage magnifique avant d'entamer une descente vertigineuse vers Panajachel.
Nous passerons une semaine aux abords du lac, visitant différents villages aux charmes variés. Nous sommes surpris par l'ampleur du tourisme dans cette région, qui l'eut cru ? L'investissement étranger est sans doute bien accueilli, l'accent américain, français ou québecois raisonnent derrière chaque comptoir. Les plus belles criques, les plus belles plages, elles, abritent déjà des résidences luxueuses qu'on imagine mal appartenir aux Tz'utujil locaux.
Nous sommes vingt-cinq dans un bateau douze places et le batelier prend un malin plaisir à affronter les vagues de côté. C'est avec soulagement que nous accostons à San Marcos, royaume des hippies, une impression de déjà vu désagréable. Le vélo nous permet de sortir des sentiers battus. Les villages de San Pablo et San Juan nous plaisent particulièrement. Dans ce dernier, on nous propose de planter notre tente sur les terres de la coopérative de café. Le lendemain matin, nous en faisons la visite. Les 200 producteurs du village misent sur la qualité, leur café estampillé « bio » est exporté à prix d'or en Californie. Chez eux, on boit du café soluble.
A San Pedro, nous laissons nos vélos. Le temps d'explorer à pied une autre partie du lac plus difficile d'accès. Entre Santa Cruz et Tzununa, nous déjeunons dans un bel hôtel restaurant. Depuis la piscine, la vue plongeante sur le lac est impressionnante. L'établissement nous paraît étrangement vide. Et pour cause, le patron Belge est un ancien diplomate de l'ONU. Cet hôtel, c'est sa retraite, qu'il y ait des clients ou non ne l’embarrasse guère. Lorsque nous nous étonnons d'apprendre qu'il est lui aussi allé à Flores en vélo, il nous explique : « j'ai mon avion dans la vallée, j'ai fais enlever les sièges arrières pour y mettre mon vélo, le temps d'un week-end on va pédaler à Flores ». Ah d'accord !
Nous comptons les jours, les heures. On se plaît ici mais nous avons un rendez-vous avec les copains à Cuba, et on ne compte pas le manquer ! S'en suivra le plus long trajet en bus du monde...


Les aventuriers de l'arche perdue

Sur les rives du lac Peten

Attention aux crocos!

Célébration du jour de l'an avec un photographe de talent : www.zed-photographie.fr/

Spider monkey

Tikal se réveille

Couleurs Caraïbes

Les yeux plus gros que le ventre

La différence entre un bon pêcheur...

...et un mauvais pêcheur

Marmots de Belize

Ofelia et Roberto nous accueillent

En piste cyclistes!

Cowboys tropicaux

Repère de pirates

Garage à vélos

Chez les Garifunas

Jour de lessive

Rastaman vibration

Rio Dulce

Jefe (chef), le plus gros chien du monde!

Vu mais pas pris

Antigua

Cabosses de cacao

Stewart de bus

Sur les toits de Patzun

Dans le jaune avant d'être dans le rouge

Instant contemplatif

Wouah!

Instant contemplatif bis

Coucher de soleil sur le volcan Atitlan

Dégradé de falaises

Travail matinal à la coopérative de café

Sur le marché de San Pedro

Commérages de rue

Jardin secret


mercredi 11 février 2015

Queso Mexico

Neufchâtel, Camembert, Beaufort, depuis le début de notre voyage, on bave à l'évocation de ces noms. Pour éviter trop de souffrances inutiles, on avait presque fait le deuil de bons fromages.
Mais voilà qu'au Mexique renaît l'espoir. Bonne surprise, à l'inverse de leurs voisins du nord, les Mexicains ont le palais fin. On trouve chez eux des bons produits laitiers.
Dans chaque marché que nous avons visité, il y avait toujours au moins une crèmerie. On y vend du beurre (mantequilla), de la crème (très épaisse et très goûtue), et divers types de fromages de chèvre ou de vache. Parmi ces derniers, on retrouve souvent le quesillo, particulièrement réputé dans la région de Oaxaca.
Le queso (fromage) de Oaxaca nous a intrigué car il ne ressemble à aucun fromage connu chez nous. A tel point qu'à première vue nous ne savions pas la nature de cette pâte blanche. En effet, il a l'apparence initiale d'une grosse boule de guimauve. La texture finale, filandreuse, s'obtient en éfilochant à la main des centaines de fois le morceau brut. Un travail à plein temps dans les cuisine !
On peut le manger cru ou fondu et lorsqu'il est de qualité il a un bon petit goût d'étable. Comme bien des denrées au Mexique, on en utilise sans modération dans les quesadillas, enchiladas et autres tacos gringas.
De notre côté, nous avons voulu aller plus loin. Pendant la période des fêtes, nous voulions cuisiner un plat à la fois réconfortant tout en utilisant des produits locaux. Nous avons ainsi inventé la « Mexiflette ».

Ingrédients :
  • Pommes de terre
  • Tocino (sorte de lard)
  • Chorizo ou longaniza (saucisse épicée, rouge ou verte selon les préparations)
  • Crème
  • Quesillo
  • Ail
  • Oignons
  • Thym
  • Noix de muscade
  • Sel, poivre

Faire cuire les patates dans de l'eau préalablement salée. Garder les fermes. Elles continueront leur cuisson par la suite. Faire revenir sur feu vif, les oignons, l'ail et le tocino grossièrement haché.
Beurrer et frotter à l'ail un plat à gratin. Y disposer les pommes de terre, le mélange oignons/tocino et le chorizo émietté.
Recouvrir le tout avec la bonne crème épaisse relevée avec le thym, la noix de muscade, sel et poivre. Effilocher le queso et disposer généreusement sur la préparation. Enfourner 30 minutes thermostat moyen. Terminer au grill pendant 5 minutes.


Dégustez chaud avec un petit blanc de pays. Régalez vous !!


La Mexiflette