Deux choix s'offraient à
nous depuis Vancouver : rejoindre les États-Unis et Seattle par
la route ou prolonger notre séjour Canadien en embarquant pour l'île
de Vancouver. Nous opterons pour cette seconde option. D'abord ce
sera l'occasion de revoir Megan, une amie Canadienne rencontrée il y
a six ans en Nouvelle-Zélande. Et puis, le retour de la pluie étant
annoncé, nous pensons qu'il sera moins triste de se trouver dans un
décor de forêt humide plutôt que de béton gris.
Nous voilà donc de
nouveau à bord d'un ferry avec Yakari dans la cale. Après une
courte traversée, ponctuée par l'observation de quelques dauphins
en chasse, nous arrivons à Nanaimo sur la côte est de l'île. 150
kilomètres d'une route sinueuse nous amène à Tofino sur la côte
ouest. Battue par la houle du Pacifique, ce littoral est réputé
chez les amateurs de surf et de « stormwatching »
(littéralement : admirer les tempêtes ). En aparté, les
américains ont cette amusante habitude de trouver un nom à chaque
activité, même les plus banales. Nous avons particulièrement
sourit aux appellations de « tidepooling » :
observer les mares sur les plages ou de « beachcombing » :
ramasser la laisse de mer. Ce dernier hobby n'est d'ailleurs pas si
banal ici, puisqu'il n'est pas rare apparemment de retrouver sur le
sable des débris du tsunami japonais de 2011 !
Bon choix que celui de
venir affronter le temps médiocre sur ce bout de terre. De l'iode
plein les narines, des embruns dans les yeux, du vent dans les
cheveux : affronter les éléments déchaînés rappelle à
Justine les tempêtes hivernales de la côte du Goëlo.
Une fois n'est pas
coutume, à Ucluelet, nous nous établissons dans un camping, comble
du luxe, il est équipé d'un jacuzzi. A la tombée de la nuit, alors
que nous trempons dans l'eau chaude sous les étoiles, nous entendons
le hurlement unique et terrifiant d'un loup solitaire. Nous
toucherons à l'extase peu de temps après en dégustant notre dîner
du jour : frites maison et moules locales sauce normande.
Pour notre dernière nuit
sur l'île, nous avons rendez-vous dans un endroit paradisiaque, à
Mystic beach (ça ne s'invente pas). Nous sommes conviés aux trente
ans d'une amie de Megan. Le carton d'invitation mentionne : au
parking Juan de Fuca prenez le petit sentier dans la forêt sur deux
kilomètres, après la cascade, continuez sur la plage déserte
jusqu'au feu de camp. Nous posons notre tente à cinq mètres de la
mer et rejoignons le groupe d'amis pour une soirée bien sympathique.
Nous faisons la connaissance de Joseph, étudiant en archéologie.
Ils nous parlera longuement de ses travaux sur la population native
de l'île : les indiens Nuu-Chah-Nulth. Présents dans les
environs depuis de nombreux
siècles, ils étaient d'habiles artisans et de courageux
chasseurs de baleine. A l'arrivée des premiers européens
à la fin du 18ème siècle, leur population ne cessera de
diminuer. Aujourd’hui, il est difficile de trouver une trace de
leur culture, si ce n'est dans les musées. Cet exemple nous paraît
malheureusement extrapolable à toute l'Amérique du nord. C'est en
outre un sujet qui dérange et qui attriste les nouvelles
générations, en toute logique.
Nous sommes le 28
septembre, il est grand temps de repasser la frontière avec les
États-Unis. Notre plan est de suivre la côte pacifique jusqu'au sud
de l'Oregon puis de piquer à l'est direction l'état de la Géorgie
en passant par les parcs nationaux grandioses de l'Utah et du
Colorado. Ultime étape : Atlanta où nous avons rendez-vous
avec Alexis pour des retrouvailles sportives au marathon de Savannah
(à vos cartes).
Reste que pour ce faire,
il nous faut une extension de visa d'une quinzaine de jours. Nous
imaginons cela possible dans la mesure où nous avons passé 25 jours
au Canada, période qui en toute logique devrait être décomptée
des 90 jours autorisés sur le sol Américain. Vous suivez ?
Réponse du douanier
constipé :
Le verdict est sans
appel, nous devrons quitter les States avant la fin octobre.
Dépités par cette
sentence, nous essayerons bien de trouver des subterfuges pour rester
un peu plus longtemps. En vain, nous devons mettre une croix sur ce
projet. Promis Alex, ce n'est que partie remise...
Avec la nouvelle donne,
le chemin le plus court vers le Mexique est de longer la côte
pacifique. De Port Angeles à San Diego : 3000
kilomètres tout de même.
Le premier Etat à longer
est celui de Washington (à ne pas confondre avec Washington DC où
se situe la capitale, à l'est du pays). Nous y découvrons de
nouveaux paysages, une côte ponctuée de plages magnifiques,
d'estuaires et de marais. Les journées sont agréablement rythmées
par des activités simples et reposantes : ballades matinales
sur des plages infinies, pauses café, leçons d'espagnol et cuisine
en plein air. Nos fins de journée sont occupées à trouver un spot
de camping gratuit, discret et avec une belle vue si possible. Chose
peu aisée dans un pays où le moindre lopin de terre est privé et
où la police patrouille. Désormais sous influence linguistique
américaine nous appelons nous même cette activité le
« manouching ».
C'est après avoir
rencontré le bus de Jésus que nous arrivons à Portland. C'est une
ville que nous souhaitions visiter même si elle nous éloigne un peu
de la côte. Capitale auto-proclamée du vélo, citée aux idées
démocrates, nous retiendrons surtout les dégustations de bières
locales franchement bonnes et notre rencontre avec Jeff et Angel, un
couple à la bonne humeur contagieuse. Au cours de notre séjour de
trois jours chez eux, nous partagerons beaucoup.
Nous regagnons la mer.
Nous avons beaucoup aimé cette côte de l'Oregon. La vie y paraît
saine et simple, les bourgs traversés sont modestes mais la
communauté y est vivante et sympathique. Les plages sont d'une
beauté pure, la vie sauvage y a élu domicile en grand nombre. Et
puis on y trouve de beaux ports de pêche, des vrais, qui sentent la
moule et le guano.
A Newport justement, nous
décidons de prendre une licence de pêche. Pas n'importe laquelle,
celle pour pratiquer le « crabbing » !
Ce papier en poche, il
nous faut louer le matériel nécessaire : casier et appâts. Le
magasin fait face à la jetée où s'alignent de beaux chalutiers, en
contrebas les otaries se font entendre. La vendeuse, au regard de
merlan frit et à l'allure de mérou, nous présente les deux appâts
préférés des crabbeurs :
Un peu choqués quand
même, nous optons pour le chaton, qui d'après la charmante
poissonnière n'est pas un met apprécié des otaries chapardeuses.
Reste à savoir qui
fixera la bête sur le casier. Shi
Fu Mi ! C'est Justine qui perd !
Au moment de lancer le
piège à crabe, un passant nous interpelle et nous informe sur la
vraie nature de la charogne. En fait de chaton, il s'agit d'une
carcasse de vison dont on fait l'élevage pour la fourrure.
Un peu écœurés par
cette expérience, le lendemain, pour une deuxième session pêche,
nous préférerons utiliser une tête de thon. Après avoir attrapé
puis relâché une centaine de crabes (la grande majorité étant
sous la taille réglementaire), la séance est finie. Un phoque gris
semble l'avoir compris et nous
quémande la tête de poisson en offrande. Magique.
Sous une brume épaisse
et un peu triste, nous arrivons en Californie. Privé de la vue sur
l'océan, nos yeux trouveront réconfort dans la majesté des forêts
de cèdres rouges. Ces géants, parfois âgés de 2000 ans, peuvent
atteindre plus de 100 mètres de hauteur. Il s'agit tout simplement
des arbres les plus grands du monde.
Notre route vers le sud
se poursuit sous le soleil revenu. Nous apprécions particulièrement
Eureka, symbole de la contre culture Californienne et Mendocino,
bourgade de charme surplombant les falaises déchiquetées.
A chaque étape, nous
jouissons d'une vue digne des hôtels les plus luxueux. Depuis notre
lit, nous contemplons l'immensité de l'océan ou le vol d'un
pélican.
Le 14 octobre, nous
atteignons San Francisco. Une belle destination pour fêter les 30
ans de Gautier. Il est 18h00, nous sommes devant « The
Great American Music Hall », Of Montreal en concert ce
soir, reste-t-il des places ?
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La Bretonne |
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Mystic camping |
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En sortant du bois |
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Stromwatcher |
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Escadrille d'oies bernache |
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Scoubidous de mer |
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Ruby beach |
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Le jeune homme et la mer |
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Merci petit Jesus |
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Une femme Barbara gourde |
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Squatteur |
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Dégustation de bières |
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Concert à Portland |
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Les namoureux |
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Ballade matinale |
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La baie des phoques |
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Il va passer à la casserole |
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Pensionnaires de Newport |
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Allez on attache le chaton! |
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Belle prise! |
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Coques en steak! |
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Un petit air de Bretagne |
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Yakari face aux géants |
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Petits écureuils |
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Bucheron débutant |
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Vue de la chambre |
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Lumière du soir |
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Ouessant? |
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Belle-île? |