Nous avons éternisé
notre séjour à Cholula. Chez Ana et Joël, nous étions comme à la
maison, ou comme chez des amis plutôt. Outre leur générosité et
leur bonhomie sans
faille, ils sont de vraies encyclopédies vivantes. Ana finit sa
thèse en anthropologie (elle a étudié les problèmes
médico-sociaux qu'engendrent les grossesses chez les jeunes filles
au Chiapas, sa province d'origine) et nous fait partager son savoir.
Nous apprenons notamment sur l'histoire et le quotidien des
populations indigènes.
Cholula d'ailleurs, se révèle être un haut
lieu historique au Mexique. A l'époque précolombienne, c'était une
des cités les plus importantes d'Amérique Centrale, on y trouve
encore les vestiges de la plus
grande pyramide du monde (en terme de volume). A l'arrivée
des Espagnols, la citée fut anéantie et ses habitants massacrés.
Les vainqueurs se sont alors empressés d'ériger une église au
sommet de ce monument. Aujourd'hui la ville compte 100,000
habitants et 64 églises ! Une pour chaque saint qui
correspond aussi à une divinité des indiens. Curieux mélange
religieux, et belle stratégie de la part des conquistadors pour
évangéliser en douceur les « sauvages » !
Autre atome crochu avec
nos hôtes, la gastronomie. Eux nous font découvrir les spécialités
de la région, au premier rang desquels figure le « Mole
Poblano », sauce à base de chocolat et d'épices (pas vraiment
à notre goût). De notre côté, nous profitons de la cuisine toute
équipée et du superbe marché local pour leur mijoter de bons
petits plats.
Nous quittons le temps
d'un week-end la vue sur les volcans et le soleil radieux de Puebla
pour l'air humide de Cuetzalan. Ce petit village plein de charme est
perché dans les montagnes à la limite de l'état de Veracruz. Le
brouillard peine à se lever, l'ambiance est mystérieuse. Le
glouglou d'un dindon nous guide vers les premières allées du
marché. C'est le lieu de rendez-vous hebdomadaire des Nahuas (le
peuple autochtone descendant des Aztèques) qui viennent échanger
leurs marchandises et faire le plein de commérages. On y retrouve
aussi l’incontournable artisanat local (ou made in China
allez savoir!), alternative économique de second choix pour ces
paysans pauvres à qui on a volé les terres.
Nous passons encore
quelques jours à Puebla, ville connue pour son passé colonial qui
nous surprendra aussi par sa modernité. Nous visitons notamment
l'exposition d'Abraham Cruzvillegas
au musée d'art contemporain de la ville, nous n'avons rien compris !
Après une quinzaine de
jours en leur compagnie, il est temps de dire adieu à nos amis. Nous
nous faisons la promesse de nous retrouver. Nous reprenons la route
direction Tehuacan puis l'état de Oaxaca dont nous avons tant
entendu parlé. Malheureusement, une douleur latente à la cuisse
chez Justine se réveille et nous devons changer de braquet. Frustrés
et fatigués, nous hissons nos bicyclettes sur le toit du bus.
Nous arrivons dans la
ville de Oaxaca en plein festival. C'est le premier du nom, organisé
pour célébrer le classement de la ville par l'Unesco au patrimoine
mondial. En musique, nous parcourons les rues pittoresques de la
citée et ses nombreux édifices religieux. Encore une ville de
gastronomie, même pas fait exprès ! Ses trois symboles
culinaires étant le cacao, le fromage et le mezcal. Ce dernier est
un cousin de la tequila, eau de vie d'agave, réputée meilleure (pas
pour nous!).
Toujours handicapés par
une patte folle, nous décidons de retourner voir l'océan Pacifique
pour se refaire une santé. Entre Puerto Angel et Mazunte, la mer a
prit quelques degrés depuis la Californie, fin décembre on s'y
baigne agréablement. A Zipolite, nous élisons domicile dans une
cabane, les pieds dans l'eau, la tête à l'ombre des cocotiers.
Cette partie de la côte est prisée des hippies, la plage où nous
sommes se veut aussi nudiste. Un soir, en admirant le coucher de
soleil, sirotant une piña
colada,
notre regard se porte sur un curieux édifice
triangulaire sur le sable, façon prisme capteur d'énergie. Au
centre un homme nu, les bras levés vers le ciel. A zipolite, on
médite la quéquette à l'air !
Nous faisons la
connaissance d'Armando, chapeau vissé sur la tête, peau burinée
par le soleil. Il accepte de nous louer son vieux tricycle pour une
semaine. Une chaise de plage, deux tendeurs, nous en faisons un
carrosse pour sa majesté Justine. Par trente cinq degrés à
l'ombre, dans les virages en lacet, Gautier mouille sa chemise et
entretien son physique et son bronzage de cycliste.
Après avoir visité le
centre d'étude et de soins des tortues marines, nous décidons
d'aller les voir dans leur milieu naturel. Nous partons en excursion
organisée (une fois n'est pas coutume) pour observer la vie marine :
tortues, baleines, dauphins, raies « volantes ». Les
brochures sont alléchantes, nous y croyons guère. Que nenni, nous
les avons tous vus, et même plus ! En apercevant à la surface
de l'eau une première tortue, notre voisin de droite, slip, marcel
et bob trop serrés, se lève et effectue un plat mémorable pour
aller étreindre l'animal apeuré. Clic ! Photo souvenir prise
par Maman. « Ah le beauf ! ». En fin d'excursion,
nous apprenons qu'il s'agissait tout simplement du consul général
de France en vacances familiales. L'ambassadeur en slip de bain qui
fait un plat, ça valait presque tout le reste !
Toujours en carrosse,
nous parcourons les environs. Au port de Puerto Angel, nous
retrouvons des scènes de vies qui nous sont chères. Les hommes
rentrent de la pêche, les enfants taquinent la sardine depuis la
jetée pendant que d'autres se baignent entre les bateaux. Le poisson
roi ici est la dorade, pas n'importe laquelle, la cauriphène s'il
vous plaît. Drôle de tronche mais chair succulente ! On y
pêche aussi des langoustes, du poulpe et des carangues,
nous n'y résistons pas.
Nous sommes le 22
décembre, les fêtes approchent, c'est tentant de rester. Pourtant
nous avons comme une envie de froid, qui nous donnerait l'impression
d'être plus proche de notre pays et de nos familles. C'est ainsi que
nous repartons pour les hauteurs du Chiapas et plus particulièrement
à San Cristobal de las Casas. La ville prépare Noël. On vend des
dindes et des pétards. Et aussi des piñatas,
grosses figurines en papier mâché ou céramique, que les enfants de
tout âge, doivent frapper les yeux fermés, jusqu'à ce qu'elles se
brisent et libèrent leur contenu de bonbons.
La ville est très
touristique mais reste charmante. Le marché central est en
effervescence, façon Super U un 24 décembre. Pas de bourriches
d’huîtres ou de saumon fumé, ici on se bat pour la dernière
livre de tortilla ou de péteux. A la caisse, les amérindiens font
recette, la soirée promet d'être animée de retour au village.
Nous logeons dans une
auberge de jeunesse où nous formons un club « d'orphelins de
Noël ». D'un commun accord, il est décidé de célébrer le
réveillon tous ensemble. Chacun apportera un petit cadeau et une
contribution culinaire. Belle idée ! Sauf que les convives sont
en majorité anglais et américains. Gautier panique, ça lui
rappelle un certain réveillon à Phương
Mai
(!).
Le repas de Noël c'est sacré, hors de question de ruiner notre
palais avec des petits pois à la menthe. D'accord, nous gardons des
parts pour le dîner commun mais d'abord, nous nous délectons
de notre festin en toute discrétion. Au menu, foie gras et sancerre
(trimballés depuis l'Alaska), gratin dauphinois, poêlée de
champignons et filet mignon Orloff,
un régal !
La soirée se poursuit
chez des amis mexicains, ambiance sympa, mezcal et piste de danse.
Côté repas, en revanche, on avait bien senti le coup, sur la table
centrale trônent chips, hot dogs et le must : du bacon au
chocolat (véridique!). Vient l'heure de s'échanger les cadeaux,
nous repartons avec un bonnet et une paire de chaussettes en laine
(pas sûr qu'ils nous soient très utiles dans les tropiques).
Nous nous endormons ce
soir là, la tête en Bretagne et en Normandie, à 10,000 kilomètres
d'ici.
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Puebla, le grand bleu |
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L'avenir dans le marc de café |
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Déco de l'église tout en sobriété |
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Magnifique bibliothèque de Palafoxiana |
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Dealers de Kawa |
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Dans les rues de Cuetzalan |
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Voladores de Cuetzalan |
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Notre préférée |
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Jours de solde |
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Marché conclu |
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Il fait trop chaud pour travailler |
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La casa del sol |
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Concerto pour Oaxaca |
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Douce lumière |
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Etal de poissonnerie |
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Baignade du soir |
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Retour de pêche |
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Pas besoin de port |
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Petite tortue deviendra grande |
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Sa majesté a dit "poussez" |
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Fin de journée pacifique |
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Rorqual commun et son baleineau |
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007 sort de l'eau |
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Marché aux péteux |
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Couleurs Mayas |
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Le père noël est passé! |
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Joyeux noël en Normandie! |
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Joyeux noël en Bretagne |