Le
réveil sonne trop tôt ce jeudi matin 25 décembre. Nos petites
têtes bourdonnent, on resterait bien au lit. Pourtant la route nous
appelle, il est temps de quitter le Mexique. Nous avons une pensée
pour tous les gens qui nous ont accueilli et nous ont fait aimer ce
pays.
Chemin
faisant vers le Guatemala, dans la campagne harmonieuse du Chiapas,
nous faisons escale à Palenque. Ville sans grand intérêt, si ce
n'est celui de se trouver aux portes d'un des plus importants site
archéologique Maya. Nous décidons de nous offrir les services d'un
guide pour visiter ces ruines. Du haut de ses 16 ans, Juan en connaît
un rayon sur la grande civilisation disparue il y a 1000 ans.
Le site
est immense et s'étend dans la jungle environnante. C'est
l'utilisation des satellites qui a permit d'estimer l'importance et
l'organisation de la citée. Certaines pyramides sont totalement
recouvertes de végétation et se font passer pour des montagnes. Les
archéologues n'ont mis à jour qu'à peine 10% des bâtiments de
l'ancienne ville. Quant à nous, nous ne parcourons que les 2%
ouverts au public, essentiellement des édifices religieux, des
tombeaux et les anciennes demeures royales. Les Mayas ont développé
une écriture et un système de calcul, ils étaient également de
brillants astrologues, médecins ou architectes. Chacun connaît le
calendrier Maya. Avec 18 mois de 20 jours, soit 360 jours, ce
calendrier a un défaut : il a un décalage de 5 jours par
rapport au soleil. Ces 5 jours considérés comme maudits étaient
les plus sanglants de l'année. Chaque nourrissons nés entre le 5 et
le 10 août étaient sacrifiés. Justine n'aurait donc pas fait long
feu chez les Mayas.
Peuple de génie pour les uns, de sanguinaires
pour les autres, l'extinction de la civilisation Maya demeure un
mystère. Plusieurs hypothèses sont avancées, on parle d'une
sécheresse terrible qui les auraient affamés ou bien de conflits
internes incessants. Pour certains, ils auraient tout simplement été
kidnappés par des extraterrestres. A vous de juger !
Nos
vélos sont en équilibre sur une barque d'un mètre de large. De
l'autre côté du Rio Usumacinta se trouve le Guatemala. Le poste
frontière est au milieu de nulle part, le douanier ne doit pas
souvent voir ses subordonnés et fait du zèle. En guise de
bienvenue, il nous soutire nos derniers dollars.
La route se
transforme en piste chaotique et il nous faut de nombreuses heures
pour rejoindre les rives du lac Peten Itza. Nous élisons domicile à
El Remate, dans l'auberge « Mon Ami », chez Santiago, un
Franco-Guatemaltèque. L'endroit est calme, entre la jungle
luxuriante et le lac aux eaux limpides. Didier est en cuisine,
écrevisses, chevreuil et viande de brousse dans les assiettes, il
nous régale. Nous faisons également la rencontre de Sylvain et
Camille, couple de Lyonnais fort sympathiques. Voilà une bonne
adresse pour passer les fêtes. Avec tout ce petit monde, nous
accueillons agréablement 2015, entre feux d'artifices et maquillage,
l'ambiance est bon enfant.
Bien
nichés à la fraîche dans notre casa aux murs de terre, nous
faisons une cure de sommeil. Une nuit, nous sommes réveillés par
des rugissements terribles, y aurait-il un vélociraptor dans la
salle de bain ? Au matin, Santiago nous explique, l'air moqueur,
qu'il s'agissait de singes hurleurs. Nous nous remettons de nos
émotions dans l'eau fraîche du lac, jusqu'à ce que notre voisin
sur la rive nous fasse remarquer qu'un crocodile nous guette à
quelques mètres de là.
Départ
très matinal pour rejoindre le site archéologique de Tikal, autre
exemple de la grandeur de la civilisation Maya. Outre son intérêt
culturel et architectural, le site de Tikal recèle une atmosphère
particulière, presque mystique. C'est au lever du jour qu'on prend
la pleine mesure de la puissance du site. Perchés sur une pyramide
millénaire, nous admirons le soleil qui envoie ses premiers rayons
brûlants sur la canopée. Au même instant les singes hurleurs
donnent de la voix. Comme un signal, les insectes leur répondent et
les toucans prennent leur envol. C'est toute la jungle qui se
réveille. Nous gardons le silence, nous nous sentons tout petits.
La
carte d'Amérique centrale à plat sur la table, nous traçons au
doigt des itinéraires possibles. Où aller? Sylvain,
photographe talentueux, nous montre ses clichés du Guatemala. Il
finit de nous convaincre d'explorer plus en profondeur ce pays. Mais
avant de continuer notre route vers le sud, nous décidons de faire
une escale de quelques jours au Belize.
Nous
sommes toujours en territoire Maya, pourtant l'ambiance est bien
différente. Ce petit pays de 340,000 habitants, ancienne colonie
anglaise, est un vrai melting pot. A Belize city comme sur les îlots
de la barrière de corail, nous rencontrons principalement des
Créoles et des Garifunas. Ambiance Caraïbe nonchalante sur fond
reggae, ici la sieste dure la majeure partie de la journée. Des
dizaines de frégates, sternes et pélicans nous accueillent à notre
arrivée sur Caye Caulker. Sous ses airs de carte postale, la petite
île semble à bout de souffle. C'est le tourisme qui la maintien
sous perfusion, jusqu'à quand? Les eaux du lagon offrent toute la
palette de bleu imaginable. Dessous c'est encore plus beau, les fonds
marins sont superbes et très poissonneux, nous nageons parmi les
raies, requins nourrices, barracudas et autres mérous. Pourtant à
la partie quotidienne de pêche, nous sommes encore et toujours
broucouilles.
Nous
repartons vers le Guatemala voisin, du bleu plein la tête, du sel
dans les cheveux, avec un peu de regret de ne pas avoir découvert
les autres facettes de ce pays.
Nous
récupérons nos vélos chez Santiago et parcourons la rive nord du
lac à la recherche des Quebequois ! Introuvables. L'énigme de
Kévin et Cloé reste entière. A San Jose, ce sont Roberto et Ofelia
qui nous accueillent un soir d'orage, nous sommes ravis de « planter
la tente » au sec dans la chambre d'amis. Originaires de
Guatemala city, ils ont quitté la capitale à la recherche d'un
travail et d'une vie meilleure. Sur les rives du lac Peten, ils
entretiennent et gardent une plage privée contre un salaire de
misère. Au moins ils ont un toit et mènent une vie paisible loin de
la violence des villes nous disent-ils.
Nous
arrivons à Flores, site prisé des touristes qui nous laisse froid.
Nous décidons de nous diriger vers Rio Dulce. Justine n'est pas
inspirée et traîne la patte, elle sera très agréablement surprise
par ce site exceptionnel et unique. La ville est située au bord du
lac Izabal, accessible par la mer via le large fleuve Rio
Dulce. Cette situation en fait un lieu privilégié pour les
plaisanciers qui voguent dans les Caraïbes et souhaitent abriter
leur voilier pendant la saison des cyclones. Nous prenons quartier à
l'auberge Tortuga sur une presqu'île. Cabanes sur pilotis, pontons
en bois ; ambiance Pirates des Caraïbes. Nous sommes
semble-t-il les seuls clampins à vélo parmi des marins du monde
entier, moyenne d'age : 60 ans, véhicule : voilier de
trente mètres.
Par
le fleuve Rio Dulce et les gorges du même nom (qui ont servi de
décors au film Jurassic Park), nous rejoignons Livingston où l'on
retrouve la culture et le pouls Garifuna.
On
prend de l'altitude à Guatemala city et Antigua (plus sympathique et
touristique). Cette belle ville coloniale est entourée de volcans somptueux, nous y ferons une escale agréable. Une ville musée qui
nous paraît toutefois un peu à côté de la réalité
Guatémaltèque. Nous nous remettons donc en selle à la recherche de
plus d'authenticité.
En
terre volcanique, la route grimpe, les mollets chauffent, Justine
grogne. Nous traversons de jolies communautés. Après les ruines,
nous découvrons la culture vivante Maya. Car si la civilisation
s'est effondrée il y a bien longtemps, le peuple, lui, a survécu.
Aujourd'hui 40% des habitants du Guatemala sont des Mayas. On en
prend plein les mirettes, le choc culturel est là. Sur le marché de
Patzun, nous ne pipons pas un mot de ce qu'il se dit, ici on parle un
des nombreux dialecte Maya. Nous nous réfugions sous le porche de
l'église pour contempler l'activité du bourg sous les couleurs
chaudes du soir. Tout nos sens en éveil, nous dégustons un Tamale
(gâteau de maïs fourré de viande de poulet, entouré de feuille de
bananier et cuit à la vapeur). Nous ne pensons même pas à sortir
l'appareil photo devant toutes ces scènes de vie.
Au
col de Godinez, nous sommes à bout de souffle. En basculant sur
l'autre versant, nous l'avons coupé ! La vue est saisissante.
Devant nous le lac Atitlan scintillant et les trois volcans qui
l'entourent. Les rayons du soleil filtrent à travers les nuages qui
s'épaississent et annoncent l'orage du soir. Nous restons un moment
contemplatif devant ce paysage magnifique avant d'entamer une
descente vertigineuse vers Panajachel.
Nous
passerons une semaine aux abords du lac, visitant différents
villages aux charmes variés. Nous sommes surpris par l'ampleur du
tourisme dans cette région, qui l'eut cru ? L'investissement
étranger est sans doute bien accueilli, l'accent américain,
français ou québecois raisonnent derrière chaque comptoir. Les
plus belles criques, les plus belles plages, elles, abritent déjà
des résidences luxueuses qu'on imagine mal appartenir aux Tz'utujil
locaux.
Nous
sommes vingt-cinq dans un bateau douze places et le batelier prend un
malin plaisir à affronter les vagues de côté. C'est avec
soulagement que nous accostons à San Marcos, royaume des hippies,
une impression de déjà vu désagréable. Le vélo nous permet de
sortir des sentiers battus. Les villages de San Pablo et San Juan
nous plaisent particulièrement. Dans ce dernier, on nous propose de
planter notre tente sur les terres de la coopérative de café. Le
lendemain matin, nous en faisons la visite. Les 200 producteurs du
village misent sur la qualité, leur café estampillé « bio »
est exporté à prix d'or en Californie. Chez eux, on boit du café
soluble.
A
San Pedro, nous laissons nos vélos. Le temps d'explorer à pied une
autre partie du lac plus difficile d'accès. Entre Santa Cruz et
Tzununa, nous déjeunons dans un bel hôtel restaurant. Depuis la
piscine, la vue plongeante sur le lac est impressionnante.
L'établissement nous paraît étrangement vide. Et pour cause, le
patron Belge est un ancien diplomate de l'ONU. Cet hôtel, c'est sa
retraite, qu'il y ait des clients ou non ne l’embarrasse guère.
Lorsque nous nous étonnons d'apprendre qu'il est lui aussi allé à
Flores en vélo, il nous explique : « j'ai mon avion dans
la vallée, j'ai fais enlever les sièges arrières pour y mettre mon
vélo, le temps d'un week-end on va pédaler à Flores ». Ah
d'accord !
Nous
comptons les jours, les heures. On se plaît ici mais nous avons un
rendez-vous avec les copains à Cuba, et on ne compte pas le
manquer ! S'en suivra le plus long trajet en bus du monde...
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Les aventuriers de l'arche perdue |
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Sur les rives du lac Peten |
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Attention aux crocos! |
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Célébration du jour de l'an avec un photographe de talent : www.zed-photographie.fr/ |
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Spider monkey |
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Tikal se réveille |
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Couleurs Caraïbes |
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Les yeux plus gros que le ventre |
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La différence entre un bon pêcheur... |
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...et un mauvais pêcheur |
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Marmots de Belize |
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Ofelia et Roberto nous accueillent |
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En piste cyclistes! |
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Cowboys tropicaux |
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Repère de pirates |
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Garage à vélos |
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Chez les Garifunas |
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Jour de lessive |
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Rastaman vibration |
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Rio Dulce |
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Jefe (chef), le plus gros chien du monde! |
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Vu mais pas pris |
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Antigua |
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Cabosses de cacao |
.JPG) |
Stewart de bus |
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Sur les toits de Patzun |
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Dans le jaune avant d'être dans le rouge |
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Instant contemplatif |
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Wouah! |
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Instant contemplatif bis |
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Coucher de soleil sur le volcan Atitlan |
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Dégradé de falaises |
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Travail matinal à la coopérative de café |
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Sur le marché de San Pedro |
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Commérages de rue |
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Jardin secret |