Baguette, croissant
beurre, lait chocolat. On reprend des forces à San Pedro de Atacama.
Deux jours d'escale deux mille mètres plus bas suffiront à nous
réchauffer. La petite bourgade chilienne, au milieu de son désert,
est en effervescence. C'est l'ouverture de la Copa America et le
Chili, pays organisateur, joue ce soir. Les rues sont vides, les bars
sont pleins. Nous allons vivre au rythme de ce tournoi de foot
pendant les trois prochaines semaines.
Nous n'en verrons pas
plus du Chili. Nous décidons de passer de l'autre côté des Andes
et de continuer notre traversée du continent par l'Argentine. C'est
au Paso de Jama que nous passons la frontière. Nouveau coup de froid
à plus de 4000 mètres avant de basculer pour de bon vers la plaine.
Dans les provinces de Jujuy et de Salta, nous retrouvons des arbres,
de la verdure et des rivières. Ajoutons à cela des températures
plus clémentes, nous ressortons avec plaisir la tente et les duvets. C'est
aussi l'occasion de s'initier aux plaisirs argentins que sont l'asado
(côte de bœuf) et le bon vin.
Dans la ville de Salta,
on célèbre le héros de l'indépendance Guëmes. La parade de
cavaliers gauchos venus de tout le pays attire la foule. Au camping
municipal, pendant l'hiver, c'est plus calme. Nous y rencontrons
Alessandra et Stergios, deux Grecs parcourant le monde en Vespa.
Respect! Déjà 35,000 kilomètres parcourus à travers l'Afrique,
nous leur donnons quelques tuyaux sur la traversée de l'altiplano
qui s'annonce ardue à deux sur un scooter. Même pas peur!
Pendant la nuit, nous
sommes réveillés à deux heures du matin par de la musique disco,
la soirée ne fait que commencer. N'est-on pas censé dormir? Il nous
faudra quelques jours pour nous habituer (ou plutôt comprendre) le
rythme argentin. Réveil tardif, magasin fermés dans la journée, il
en va de même pour les restaurants qui n'ouvrent réellement que
vers 22h00. Mais cela vaut le coup d'attendre. Pour notre première
Parilla (restaurant de barbecue), nous nous offrons deux heures de
défilé de bidoche succulente. Il nous faudra une journée entière
de digestion...
Plus au sud, sur la
mythique route 40 (qui mène à Ushuaïa), nous retrouvons déjà des
paysages désertiques. Avec toutes ces roches colorées et ces cactus
isolés, on se croirait en plein far west. Mais les routes sont
longues et monotones et les nuits de nouveau très fraîches. Nous
profitons d'une escale dans la belle bourgade viticole de Cafayate
pour racheter des couvertures.
Les jours se suivent et
se ressemblent et nous commençons à perdre la foi du voyageur dans
ces paysages lunaires. Nous pensons de plus en plus au retour. Vers
San Juan, nous passons deux journées en compagnie de Emilce et Norma
qui nous accueille gentiment dans leur maison. Ces retraitées
actives et cultivées partagent le goût des bonnes choses et nous
faisons une petite cure cheminée/cuisine de mamie bien appréciable.
Nous arrivons à Mendoza
avec beaucoup d'espérances.
La capitale du vin en Argentine a belle réputation, pourtant nous
sommes un peu déçus. La ville n'est ni très belle ni très
dynamique et les sites naturels avoisinants sont à distance
argentine (très loin). Nous songeons un temps à aller au ski.
Quitte à se les cailler... Mais il n'y a pas de neige. Une fois de
plus, nous noyons notre impatience dans la cuisine et dans les
livres. Nous visitons une bodega (domaine viticole), la célèbre
maison Trapiche. Le prestige ne
s'entend pas ici de la même manière que dans les petits châteaux
bordelais. En effet, le vignoble s'étend sur des centaines
d'hectares et la maison produit près de vingt-cinq millions de
bouteilles par an.
A moins de trois semaines
du retour, nous commençons à penser à la vente de la moto. L'idéal
serait de la vendre en Uruguay quelques jours avant le départ. Mais
Justine en a marre des longues lignes droites dans le vent froid et
songe à continuer en bus jusqu'à Buenos Aires. Gautier se prépare
à faire les quelques mille
kilomètres restant seul. Finalement nous resterons ensemble jusqu'au
bout! A peine la petite annonce en ligne sur internet, Juan Pablo,
"un local" nous contacte. Motard aguerri, fils de vigneron,
la confiance s'installe rapidement. Il nous propose une belle somme
pour la moto et tout l'équipement. Après une nuit de réflexion,
nous décidons d'accepter son offre. L'aventure sur deux roues
s'arrête ici. Snif.
C'est en bus de nuit que
nous rejoignons Buenos Aires (au moins nous ne regretterons pas les
paysages manqués). Nous arrivons piétons chez Exequiel, notre hôte
pour les prochains jours. Nous nous séparerons bons amis. Ce fut,
incontestablement, l'une des plus belles rencontres de ce voyage.
D'entrée, il nous annonce que sa pièce préférée c'est la
cuisine. Nous devrions nous entendre. Dans la réalité, la cuisine,
la chambre et le salon ne font qu'une pièce! Mais son cœur étant
aussi grand que son studio est petit, Exe nous laisse son lit et se
contente du canapé.
En l'espace de
cinq jours, il parvient à nous transmettre son amour pour la
capitale argentine, mégalopole de quinze millions d'habitants. En
pleine période électorale, nous discutons aussi beaucoup
politique. Nous comprenons maintenant un peu mieux l'histoire
mouvementée de ce pays. Cinquième puissance économique mondiale au
sortir de la guerre, le pays est aujourd'hui englué dans une
crise profonde. Le coût de la vie est identique au nôtre mais le
salaire moyen trois fois moindre. La vie est dure pour bon nombre.
Malgré l'habituel pessimisme français et le contexte européen
tendu, nous prenons une fois de plus conscience qu'il y a pire
ailleurs et que l'avenir est encore entre nos mains.
Nous passons notre
dernière soirée en Argentine, le jour de la finale de la Copa
America. Les Argentins, grands favoris, sont opposés aux frères
ennemis Chiliens. Nous regardons le match chez des copains d'Exe,
l'ambiance est solennelle.
Ici on ne boit pas de bière mais du maté! Une eau chaude que les
argentins et uruguayens de toutes générations sirotent à la
pipette à longueur de journée. C'est l'heure terrible des
penalties. Le pays retient son souffle et s'apprête à célébrer
l'équipe nationale et le héros de tout un peuple, Messi. Oups. Au
dessous. Silence... Nous ne ferons pas la fête ce soir.
L'heure tant attendue de
retrouver nos copains est arrivée. Nous prenons un ultime ferry pour
parvenir sur l'autre rive du rio Plata, en Uruguay, dix-huitième et
dernier pays traversé de ce long voyage. Nous arrivons en fin de
soirée à Montevideo. Arthur et Maria nous y attendent. Youpi!
Installés dans leur bel appartement de la vieille ville, on y coule
des jours paisibles au rythme du pays, c'est à dire très relax. Les
amis se sentent bien ici, la ville possède un charme certain et un
accès à la mer appréciable.
Au week-end nous partons tous ensemble sur la côte Atlantique, à
quelques encablures de la frontière brésilienne. Nous sommes ravis
de passer ces derniers jours en compagnie de nos amis. Des têtes
qu'on connaît, une culture proche de la nôtre et des paysages
rappelant l'hexagone, la transition se fait en douceur.
Arthur et
Maria de retour au boulot, nous continuons en amoureux jusqu'à Cabo
Polonio, petit village "hippie" au milieu des dunes. La
côte sauvage est superbe et les balades au bord de l'eau en silence
nous remplissent d'émotions. Tant de chemin parcouru. Les embruns,
le cri des mouettes et le rose du granit nous rappelle une certaine
région connue. Main dans la main, nous regardons de l'autre côté
de l'océan, vers la France.
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Enfin ça descend |
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ça envoi du steak! |
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Paradis des oiseaux |
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Traversée de biquettes |
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Un petit air de far west |
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Pieds de pinard |
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Ruines et cactus |
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Bivouac du désert |
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Le dernier de la famille : le Guanaco |
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Avec Emilce, Norma et Miguel |
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Cuves à vin chez Trapiche |
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Barbeuk au cul d'la R12! |
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Juan Pablo et sa nouvelle moto |
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Dans Buenos Aires avec Exe |
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Vue du port |
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Depuis le salon à Montevideo |
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Pêche à la chaussette |
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A vélo sur la rambla |
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Brochettes party |
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Brochette d'amis |
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Marchant d'un même pas |
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Arthur le téméraire |
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Couleurs maritimes |
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Qui sait ce que c'est? |
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De retour en BZH? |
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Paradis à otaries |
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Cabo Polonio |
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A bientôt la France |
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