Sur la route...

lundi 27 avril 2015

Au cœur de la Colombie

La chance nous sourit, nous sommes rentrés dans un cercle vertueux. Nous avons tout : une moto en règle, un pays magnifique devant nous et ce sentiment de sécurité et de liberté que nous cherchions. Nous quittons le DIAN (le département des douanes) de Bucaramanga avec le permis d'importation temporaire de la moto à notre nom. Ce document clé nous manquait, nous avions quitté Carthagène la queue entre les pattes, les douaniers ayant refusé de nous octroyer ce papier magique. Dans l'illégalité, la suite du voyage s'annonçait stressante. Sans aucune certitude, nous avons rejoint au plus vite Bucaramanga où vit Alex, l'ancien propriétaire de la moto. Ceci afin d'organiser une expédition à la frontière Vénézulienne pour réimporter le véhicule sur le sol Colombien. Folies administratives! Nous tentons quand même notre chance au bureau des douanes de Bucaramanga. Bonne pioche, les douaniers ne maîtrisent pas bien ce point particulier de la loi et nous délivrent l'autorisation de circuler en une demi journée. Nous voilà soulagés, nous fêtons notre vrai départ avec Alex autour d'une bière.

Nous préférons oublier les premiers 800 kilomètres depuis Carthagène, qui nous auront offert une image négative et non représentative du pays que nous avons tant aimé. Des lignes droites interminables, pas un mètre de bas côté sans détritus, des villages miséreux et une ambiance pesante. Le mal être culmine autour de Bosconia, lorsque nous traversons des villages couleur pétrole, sacrifiés à la contrebande de l'or noir.

Changement de décor. Nous rentrons au coeur du voyage et du pays dans le département de Santander. La route s'élève et serpente dans des paysages qui se font chaque jour plus harmonieux. Les villages fleuris et accueillants se succèdent. Les habitants nous offrent leurs plus beaux sourires.
A Giron, nous assistons, un peu médusés, à une procession religieuse très démonstrative. Comme dans toute l'Amérique latine, la foi chrétienne est omniprésente. En cette période de semaine sainte, cela devient carrément exubérant.
Au détour d'un virage, notre regard se porte sur un petit clocher blanc. Le paisible village de Curiti est regroupé autour. Nous y faisons une nouvelle escale très plaisante. De la fenêtre de notre chambre douillette, nous observons avec délice la beauté du jardin de notre hôte. Sa petite fille rentre de l'école et nous sert gentiment un café. Nous savourons cet instant simple et apaisant.
Nos journées de moto sont rythmées par les pauses jus de fruits. Orange, mûre, fraise, mangue, narangille, il y en a pour tous les goûts et pour deux francs six sous. La météo se fait capricieuse en montant vers le plateau de Bogota. Il crachine, nous croisons des 4L et les vaches normandes pâturent dans les prés. Sommes nous rentrés à la maison? Nous roulons le sourire aux lèvres jusqu'à la tombée de la nuit. A chiquinquira, il nous faut trouver un toit. Chose facile en temps normal, cela s'avère très laborieux ce soir. Surprise! Nous sommes dans une ville sainte. La veille de Pâques. Hôtels blindés, prix doublés, on est mal tombés...
Aux abords de Bogota, nous décidons de l'esquiver, effrayés par la circulation et le nuage de pollution qui se dessine à l'horizon. D'une manière générale, nous préférons éviter les grandes villes, à moins d'y avoir un guide. Ainsi nous contournons la capitale par l'ouest et découvrons des paysages "vert irlande" voués à la production laitière. La route est bordée de petites crèmeries, on ne se fait pas prier pour déguster fromages, crèmes fouettées et riz au lait.
Dans les collines boisées de Villeta, refuge dominical des Bogotiens, nous dénichons un petit coin de paradis. Faute d'hôtels dans les parages, Asusena nous loue une chambre coquette dans sa maison de campagne. Avec sa fille et son gendre, nous partageons le dîner et l'ambiance familiale en ce week-end de fête. Nous sommes bien loin de la Colombie qui fait peur.
Entre la vallée luxuriante du rio Magdalena et les hauteurs alpines de Letras, nous changeons plusieurs fois de climat en quelques heures. Sur quatre-vingt kilomètres, la route ne cesse de monter jusqu'à un col à 3900 mètres! Une pensée pour les cyclistes courageux, nous ne sommes pas mécontents d'avoir un moteur entre les jambes dorénavant.
Nous arrivons dans la zona cafetera, à Perreira, sous une pluie battante. Paulo, contacté sur couchsurfing, nous a donné rendez-vous en centre ville. "Suivez moi!". 4X4, pied au plancher, il conduit à la Colombienne (comme s'il avait plusieurs vies). Nous peinons à le suivre sur la piste étroite grimpant jusqu'à chez lui, nous imaginons la vue imprenable que nous aurons au réveil. En attendant, la soirée s'annonce chaleureuse. La belle fermette en rénovation est un lieu de rencontre internationale. Ce soir autour du feu qui crépite, s'organise un conciliabule entre Colombiens, Italiens et Français. Au menu : fondue de fromage!
Le petit-déjeuner nous attend sur la grande table. Pour nos papilles, un bon café du coin. Pour nos yeux, une vue plongeante sur les collines. Pour nos oreilles, le bourdonnement caractéristique du vol des colibris. La région est superbe, malgré la pluie, nous décidons d'explorer les environs. Nous testons les premières pistes et franchissements de rivières avec la moto, qui semble aussi enthousiaste que nous. Nous découvrons une mosaïque de paysages agricoles. Du café bien sûr mais aussi des bananeraies, des patates, des oignons, le tout entouré par des forêts variées. Nous fêtons Pâques, non pas avec de l'agneau, mais avec de la truite, la spécialité locale. S'en suit un petite balade digestive dans le charmant village de Salento à l'ambiance familiale. Manque plus que la poule en chocolat!
Nous quittons Paulo et Gloria, nos hôtes au cœur généreux et continuons à nous perdre sur les petites routes de la zona cafetera. Au hasard d'un chemin, Diego nous interpelle. Longtemps installé aux Etats-Unis, il est revenu sur ses terres natales (à moto!) pour s'occuper de la plantation de café familiale. Lui et sa famille nous offrent, sans conditions, un bon repas, une visite de l'exploitation et un cargaison de fruits à faire plier la moto. Sur ses conseils, nous faisons chemin vers le village perché de Buenavista où nous passons la nuit. En soirée l'orage éclate, nous admirons, les pieds au sec, la foudre qui tombe au loin.

Aux abords de Cali, la route se fait plus monotone. Nous sommes à contre cœur sur l'autoroute, les champs de canne à sucre défilent. Pas de village de charme à l'horizon, nous décidons de nous arrêter dans un motel en bord de route. Une employée s'avance vers nous :

  • Buenas tardes.
  • Vous avez des chambres disponibles?
  • Oui, pour combien d'heures?
Euh, en fait ce serait pour la nuit! Nous comprenons sur le tard la signification de "Motel" en Amérique latine. "Motel Cupidon", on aurait dû s'en douter. Nous retournons sur nos pas un peu gênés et amusés à la fois. C'est alors, qu'un grand gaillard s'interpose. Arnold, la cinquantaine, cheveux gominés, chaîne en or et regard de maquereau, nous invite à le suivre. C'est le patron. Un peu intimidés, nous lui emboîtons le pas dans son bureau à l'ambiance feutrée. Il se présente en nous montrant sur son portable dernier cri, les photos de sa bécane hors de prix et de ses dernières vacances à Versailles. Solidarité motarde ou vantardise affichée, il nous propose de rester gratuitement dans la suite royale. Nous ne sommes pas déçus en arrivant dans la chambre. Ils ont tout prévu, un décor intime, des accessoires en tout genre et même une chaise longue à l'utilité très spécifique. Un menu sur la table de chevet, nous avons une petite faim. Justine jette un œil, à la lettre D : "d-d-déjeuner... Ah non pardon, dilatateur anal". Oups!

Direction Popayan, la citée blanche. Dans cette belle ville comme ailleurs en Colombie, on marche aujourd'hui pour la paix. Voilà un mois que le président Juan Manuel Santos a décrété un cessez le feu avec les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie). Plus que jamais, la population veut voir le mot colombe dans Colombie. En plus d'un demi siècle, le conflit opposant l'armée et la guérilla communiste a fait près de 220.000 morts et plus de 5 millions de déplacés. Crées à l'origine pour défendre les paysans pauvres contre les grands propriétaires, les FARC sont aujourd'hui classées organisation terroriste par de nombreux pays occidentaux. Leur implication avérée dans le trafic de cocaïne contribue à les discréditer au sein même de leur peuple. Le sujet est complexe et sensible.
Nous prenons de la hauteur en visitant le parc national de Puracé. Au terme d'une route enchanteresse dans les vallées verdoyantes, nous découvrons le paramos, un écosystème d'altitude particulier au nord des Andes. Les geysers et la roche basaltique nous rappellent que nous sommes en terre volcanique. Par cette journée pluvieuse, le ranger s’ennuie ferme dans sa cabane Il nous invite à déguster un jus de Panela chaud (boisson à base de canne à sucre) et nous explique la difficulté de co-gérer le parc avec la population autochtone. Nous terminons cette journée en beauté à 3000 mètres d'altitude en trempant nos fesses dans des sources d'eau chaude. Quel bonheur!

Toujours plus au sud, nous continuons les bons plans et les bonnes rencontres. Vers Pasto, nous faisons notre dernière nuit en Colombie. A la laguna Cocha, le paysage et le climat changent à nouveau, on se croirait en Ecosse. L'accueil, lui, est toujours le même, sincère et chaleureux.

La route est sublime jusqu'à la frontière Equatorienne. Nous y rencontrons un compère motard qui vient du Canada. Nous passons sans encombre la frontière ensemble et nous souhaitons bon vent. Après le poste de douane, au moment de remettre les gaz, nous nous retournons pour un dernier aurevoir à la Colombie, ce pays du cœur.


Procession à Giron

Dame blanche

Fabrication d'arepas

Cuisson d'arepas

Joli Curiti

Combinaison waterpouf

Où sommes nous?

Premières hauteurs andines

De retour en Normandie

Chez Paulo

3 guitares et une râpe

Zona cafetera

Petit lapin de Pâques

Amen

Cartophiles

P'tit dej de champion

Sourire de Diego

Coco

Soir d'orage à Buenavista

Déco rustique

Mode d'emploi de la chaise longue

Popayan, la citée blanche

Bienvenue au paramos

Moquette naturelle

Un ptit bain chaud?

Gautier, tu m'attends!

Douche nature

Couleurs pastel à Pasto

Laguna d'Ecosse?

Regards de veaux!

1 commentaire:

  1. Salut Gringo,

    on est sur vos pas, peut etre on arrivera a se croiser sur la route... On arrive au Guatemala dans quelques jours, et on descend jusqu au perou, depart de lima le 19 aout prochain.

    Si vous avez des bons plans sur la route, on prend... si t'en veux au perou je te les donne, ecris moi a samuel.defrance@hotmail.fr

    Bise et bonne route

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