Sur la route...

lundi 20 octobre 2014

Côté Pacifique

Deux choix s'offraient à nous depuis Vancouver : rejoindre les États-Unis et Seattle par la route ou prolonger notre séjour Canadien en embarquant pour l'île de Vancouver. Nous opterons pour cette seconde option. D'abord ce sera l'occasion de revoir Megan, une amie Canadienne rencontrée il y a six ans en Nouvelle-Zélande. Et puis, le retour de la pluie étant annoncé, nous pensons qu'il sera moins triste de se trouver dans un décor de forêt humide plutôt que de béton gris.

Nous voilà donc de nouveau à bord d'un ferry avec Yakari dans la cale. Après une courte traversée, ponctuée par l'observation de quelques dauphins en chasse, nous arrivons à Nanaimo sur la côte est de l'île. 150 kilomètres d'une route sinueuse nous amène à Tofino sur la côte ouest. Battue par la houle du Pacifique, ce littoral est réputé chez les amateurs de surf et de « stormwatching » (littéralement : admirer les tempêtes ). En aparté, les américains ont cette amusante habitude de trouver un nom à chaque activité, même les plus banales. Nous avons particulièrement sourit aux appellations de « tidepooling » : observer les mares sur les plages ou de « beachcombing » : ramasser la laisse de mer. Ce dernier hobby n'est d'ailleurs pas si banal ici, puisqu'il n'est pas rare apparemment de retrouver sur le sable des débris du tsunami japonais de 2011 !
Bon choix que celui de venir affronter le temps médiocre sur ce bout de terre. De l'iode plein les narines, des embruns dans les yeux, du vent dans les cheveux : affronter les éléments déchaînés rappelle à Justine les tempêtes hivernales de la côte du Goëlo.
Une fois n'est pas coutume, à Ucluelet, nous nous établissons dans un camping, comble du luxe, il est équipé d'un jacuzzi. A la tombée de la nuit, alors que nous trempons dans l'eau chaude sous les étoiles, nous entendons le hurlement unique et terrifiant d'un loup solitaire. Nous toucherons à l'extase peu de temps après en dégustant notre dîner du jour : frites maison et moules locales sauce normande.
Pour notre dernière nuit sur l'île, nous avons rendez-vous dans un endroit paradisiaque, à Mystic beach (ça ne s'invente pas). Nous sommes conviés aux trente ans d'une amie de Megan. Le carton d'invitation mentionne : au parking Juan de Fuca prenez le petit sentier dans la forêt sur deux kilomètres, après la cascade, continuez sur la plage déserte jusqu'au feu de camp. Nous posons notre tente à cinq mètres de la mer et rejoignons le groupe d'amis pour une soirée bien sympathique. Nous faisons la connaissance de Joseph, étudiant en archéologie. Ils nous parlera longuement de ses travaux sur la population native de l'île : les indiens Nuu-Chah-Nulth. Présents dans les environs depuis de nombreux siècles, ils étaient d'habiles artisans et de courageux chasseurs de baleine. A l'arrivée des premiers européens à la fin du 18ème siècle, leur population ne cessera de diminuer. Aujourd’hui, il est difficile de trouver une trace de leur culture, si ce n'est dans les musées. Cet exemple nous paraît malheureusement extrapolable à toute l'Amérique du nord. C'est en outre un sujet qui dérange et qui attriste les nouvelles générations, en toute logique.

Nous sommes le 28 septembre, il est grand temps de repasser la frontière avec les États-Unis. Notre plan est de suivre la côte pacifique jusqu'au sud de l'Oregon puis de piquer à l'est direction l'état de la Géorgie en passant par les parcs nationaux grandioses de l'Utah et du Colorado. Ultime étape : Atlanta où nous avons rendez-vous avec Alexis pour des retrouvailles sportives au marathon de Savannah (à vos cartes).
Reste que pour ce faire, il nous faut une extension de visa d'une quinzaine de jours. Nous imaginons cela possible dans la mesure où nous avons passé 25 jours au Canada, période qui en toute logique devrait être décomptée des 90 jours autorisés sur le sol Américain. Vous suivez ?
Réponse du douanier constipé :
  • "Négatif.
  • Mais c'est à dire que...
  • Suivant s'il vous plaît."
Le verdict est sans appel, nous devrons quitter les States avant la fin octobre.
Dépités par cette sentence, nous essayerons bien de trouver des subterfuges pour rester un peu plus longtemps. En vain, nous devons mettre une croix sur ce projet. Promis Alex, ce n'est que partie remise...

Avec la nouvelle donne, le chemin le plus court vers le Mexique est de longer la côte pacifique. De Port Angeles à San Diego : 3000 kilomètres tout de même.

Le premier Etat à longer est celui de Washington (à ne pas confondre avec Washington DC où se situe la capitale, à l'est du pays). Nous y découvrons de nouveaux paysages, une côte ponctuée de plages magnifiques, d'estuaires et de marais. Les journées sont agréablement rythmées par des activités simples et reposantes : ballades matinales sur des plages infinies, pauses café, leçons d'espagnol et cuisine en plein air. Nos fins de journée sont occupées à trouver un spot de camping gratuit, discret et avec une belle vue si possible. Chose peu aisée dans un pays où le moindre lopin de terre est privé et où la police patrouille. Désormais sous influence linguistique américaine nous appelons nous même cette activité le « manouching ».
C'est après avoir rencontré le bus de Jésus que nous arrivons à Portland. C'est une ville que nous souhaitions visiter même si elle nous éloigne un peu de la côte. Capitale auto-proclamée du vélo, citée aux idées démocrates, nous retiendrons surtout les dégustations de bières locales franchement bonnes et notre rencontre avec Jeff et Angel, un couple à la bonne humeur contagieuse. Au cours de notre séjour de trois jours chez eux, nous partagerons beaucoup.

Nous regagnons la mer. Nous avons beaucoup aimé cette côte de l'Oregon. La vie y paraît saine et simple, les bourgs traversés sont modestes mais la communauté y est vivante et sympathique. Les plages sont d'une beauté pure, la vie sauvage y a élu domicile en grand nombre. Et puis on y trouve de beaux ports de pêche, des vrais, qui sentent la moule et le guano.

A Newport justement, nous décidons de prendre une licence de pêche. Pas n'importe laquelle, celle pour pratiquer le « crabbing » !
Ce papier en poche, il nous faut louer le matériel nécessaire : casier et appâts. Le magasin fait face à la jetée où s'alignent de beaux chalutiers, en contrebas les otaries se font entendre. La vendeuse, au regard de merlan frit et à l'allure de mérou, nous présente les deux appâts préférés des crabbeurs :
  • "Chicken or mink ?
  • Mink ?!!
  • Yes it's a kind of kitty (oui c'est un genre de chaton) !"
Un peu choqués quand même, nous optons pour le chaton, qui d'après la charmante poissonnière n'est pas un met apprécié des otaries chapardeuses.

Reste à savoir qui fixera la bête sur le casier. Shi Fu Mi ! C'est Justine qui perd !

Au moment de lancer le piège à crabe, un passant nous interpelle et nous informe sur la vraie nature de la charogne. En fait de chaton, il s'agit d'une carcasse de vison dont on fait l'élevage pour la fourrure.
Un peu écœurés par cette expérience, le lendemain, pour une deuxième session pêche, nous préférerons utiliser une tête de thon. Après avoir attrapé puis relâché une centaine de crabes (la grande majorité étant sous la taille réglementaire), la séance est finie. Un phoque gris semble l'avoir compris et nous quémande la tête de poisson en offrande. Magique.

Sous une brume épaisse et un peu triste, nous arrivons en Californie. Privé de la vue sur l'océan, nos yeux trouveront réconfort dans la majesté des forêts de cèdres rouges. Ces géants, parfois âgés de 2000 ans, peuvent atteindre plus de 100 mètres de hauteur. Il s'agit tout simplement des arbres les plus grands du monde.

Notre route vers le sud se poursuit sous le soleil revenu. Nous apprécions particulièrement Eureka, symbole de la contre culture Californienne et Mendocino, bourgade de charme surplombant les falaises déchiquetées.
A chaque étape, nous jouissons d'une vue digne des hôtels les plus luxueux. Depuis notre lit, nous contemplons l'immensité de l'océan ou le vol d'un pélican.


Le 14 octobre, nous atteignons San Francisco. Une belle destination pour fêter les 30 ans de Gautier. Il est 18h00, nous sommes devant « The Great American Music Hall », Of Montreal en concert ce soir, reste-t-il des places ?

La Bretonne

Mystic camping

En sortant du bois

Stromwatcher

Escadrille d'oies bernache

Scoubidous de mer

Ruby beach

Le jeune homme et la mer

Merci petit Jesus

Une femme Barbara gourde

Squatteur

Dégustation de bières

Concert à Portland

Les namoureux 

Ballade matinale

La baie des phoques

Il va passer à la casserole

Pensionnaires de Newport

Allez on attache le chaton!

Belle prise!

Coques en steak!

Un petit air de Bretagne

Yakari face aux géants

Petits écureuils

Bucheron débutant

Vue de la chambre

Lumière du soir

Ouessant?

Belle-île?

mercredi 1 octobre 2014

Les quatre saisons

  • J'hésite entre un bun bo hue et un pho ! Et toi ?
  • Humm ! Je vais prendre du riz avec une canh chua.

Nous sommes chez Chao Bao, un des très nombreux restaurants vietnamiens de Vancouver. Dans cette grande ville portuaire, les Asiatiques ont jeté l'ancre en masse. En effet, près de 50% des habitants viennent de l'autre côté du Pacifique : et c'est pour notre plus grand bonheur, cela nous rappelle les saveurs de notre cher Vietnam.

Mais au fait, comment sommes nous arrivés là, nous qui étions bloqués aux portes septentrionales du pays ? Nous allons vous conter notre traversée du Canada.

Yakari nous avait laissé bien penauds à Skagway en refusant de démarrer à l'embarquement du ferry. Dans notre malheur, nous avons eu la chance de tomber sur un employé de la compagnie maritime, un peu Mac Gyver, un peu l'Abbé Pierre. En une demie journée notre sauveur nous répare le van et nous trouve in extremis deux places sur un autre bateau, départ le jour même. Cerise sur le gâteau, le navire emprunte un itinéraire plus long et plus beau. Aaaaaaaaleluia ! Nous lui laissons une dizaine de crêpes maison en offrande.

Les amarres sont larguées, Skagway se fait de plus en plus petit à mesure que le bateau sort du fjord. Autour de nous, les passagers s'installent pour trois jours de traversée. La plupart sont des locaux, ils ont leurs habitudes. Les uns sortent leurs pantoufles et bachotent leur cours le nez au hublot, les autres accrochent leur hamac et sortent leur gros bouquin. Nous nous faisons bien à cette ambiance détendue et installons notre campement sur le pont du bateau.
Des paysages vierges s'offrent à nous, parfois un glacier suspendu, parfois un petit hameau de pêche isolé. La brume et la grisaille ajoutent au côté mystique de la scène.
Nous faisons une escale d'une journée à Juneau, la capitale de l'Alaska, inaccessible par la route. Nous en profitons pour visiter une « hatchery », et découvrons le secret des pêches de saumon miraculeuses. Les saumons reproducteurs remontant les rivières sont dirigés jusqu'aux bassins de cette ferme. De là ils sont triés, sexés et mis à la reproduction. Les alevins sont ensuite élevés pendant une année avant d'être relâchés dans l'estuaire. De cette manière on assure un maintien des stocks cinquante fois plus important qu'en laissant faire la nature seule. Le saumon d'Alaska n'a véritablement de sauvage que le nom !
Nous rembarquons pour 48 heures dans le passage intérieur, cap à l'Ouest vers Sitka, puis au sud vers Kake et Petersburg. Dans ces eaux glaciales, les baleines à bosse reviennent tous les ans pour s'y nourrir avant de regagner les eaux chaudes d'Hawai. Nous scrutons sans vraiment y croire l'immensité bleue. Soudain, au loin, un « pet de baleine » ! Ce souffle qui sort de son évent est le premier signe de sa présence. Nous sommes déjà ravis, les locaux, eux, n'ont même pas levé les yeux. Puis c'est le show : une trentaine de géants nous offrent un spectacle grandiose fait de sauts et de claquements de nageoires. Certaines à quelques mètres à peine de la coque du navire. Époustouflant ! Nous verrons aussi durant cette traversée des phoques, des dauphins, des marsouins et des loutres de mer.

Nous arrivons à Prince Ruppert sous la pluie, de retour au Canada. Nous décidons d'aller chercher le soleil en montagne, direction les rocheuses de l'Alberta à environ 1500 kilomètres à l'est. La route est agréable, pour la première fois depuis notre arrivée à Anchorage nous découvrons des paysages agricoles. Ironie du sort c'est sur cette portion de route que nous verrons plein d'ours. Cependant les quelques villages traversés nous semblent peu accueillants et on y décèle une certaine misère, surtout concernant la population amérindienne.

Au détour d'un virage, le Mont Robson du haut de se 4000 mètres nous accueille : nous voici dans les rocheuses. Nous fonçons vers le parc national de Jasper, impatients de découvrir ces montagnes. Notre enthousiasme est un peu douché lorsqu'à l'entrée du parc on nous présente la facture avant d'avoir mangé le plat :
  • Vous comptez rester une semaine ?
  • Oui, sans doute.
  • Ok. 140 dollars.
Uniquement pour emprunter la route. Cela bien sûr n'inclut ni l'entrée au camping, ni le bois de chauffage, ni quoique ce soit. Et le camping sauvage est interdit.
Avec le recul on est en droit de se demander à quoi sert cet argent. Sous prétexte de ne pas déranger la faune et la flore, on ne peut s'arrêter faire pipi nature sans risquer une amende. En revanche les bus du parc ne se posent pas trop de questions lorsqu'il faut mettre les chaînes et trimballer des hordes de touristes sur les glaciers. Nous voyons cela comme une forme de privatisation de la nature et nul doute que gérer un parc national au Canada doit être une affaire qui tourne. En bon Français, mauvais payeur, nous nous efforcerons d'outrepasser la loi et de chaparder du bois, du pq et tout ce qui pourra rembourser notre frustration.

Il fait un temps magnifique à notre arrivée à Jasper. Le ciel est bleu profond, une vraie ambiance de montagne. Mais on annonce une nuit glaciale et on nous déconseille de dormir dans le camion. Nous ferons donc notre première nuit en auberge. Bien nous en a prit. A 4h00 du matin : pause pipi. Un regard sur le thermomètre : -12°C !
Dans la journée, nous nous réchauffons en parcourant les sentiers du parc. Vers le col de Wilcox, l'immensité et l'isolement nous fait penser au Tibet. Entre Jasper et Lake Louise la route est impressionnante. Environ 200 kilomètres que l'on se doit de parcourir au pas. A chaque virage, une nouvelle montagne, un nouveau lac à contempler. De nombreux animaux sauvages aussi, des chèvres des montagnes, des wapitis, des bouquetins, des cerfs de Virginie. Seul manque à notre tableau de chasse le Grizzly, encore lui !

Notre prochaine étape nous mène à Kelowna, où nous retrouvons enfin un temps estival et Bruno, un ami de fac de Justine. Il nous accueillera trois jours. Il est bon de retrouver la chaleur et le confort d'une maison. La vallée de l'Okanagan nous offre des paysages et un climat méditerranéens, nouveaux à notre voyage. Les collines sèches, les coteaux plantés de vignes et de vergers surplombent un grand lac aux eaux claires. Qu'il est agréable de se baigner dans ces eaux fraîches après le footing quotidien. Ce cadre si particulier et quelque peu exotique attire les vacanciers de toute la Colombie Britanique. A grand coup de jet ski et bateaux hors-bord, cela donne à la ville une petite ambiance « m'as tu vu ».
Jusqu'ici nous n'avions pas découvert de spécialités culinaires au Canada,. Au vu de la diversité agricole de la vallée, nous pensions avoir enfin trouvé l'endroit adéquat. Il n'en fût rien. Entre autres, nous visiterons une ferme laitière qui produit du fromage de chèvre. Goatgonzola, gruyère, camembert, feta, etc., en tout une douzaine de fromages en vitrine, cela ne présage rien de bon. Usurpation de noms et de renoms, mais les fromages ne sont vraiment pas bons! Les clients eux, riches et « hypocrites » (ou qui n'ont pas de goût) les gratifient d'un « Amazing, it's delicious !! » Nos fromages européens n'ont pas de mouron à se faire.
Sur invitation de Bruno et pour nous rappeler les bancs de la fac, nous clôturons notre séjour par une conférence de Daniel Pauly, spécialiste mondial des ressources halieutiques : « Quel est l'impact de la surpêche et du réchauffement global sur les populations de poissons ?». Alarmant mais intéressant. Deux jours après, nous mangions des sushis à Vancouver. Mauvais élèves...

Nous y voilà. Vancouver. Souvent citée comme une des villes les plus agréables à vivre au monde. Nous faisons notre entrée de nuit par la rue Hastings : les trottoirs sont jonchés d'immondices, de cadis abandonnés, de matelas défoncés. Les sans abris sont amassés par centaines, des junkies déambulent tels des zombies. Condamnation des portières. On hallucine ! Cette image, parait-il faisait tache lors des récents J.O de 2010, et on a ordonné à tous ces malheureux de lever le camp. Quelle tristesse !
De jour et dans d'autres quartiers, la ville est effectivement fidèle à sa réputation. Les parcs sont des forêts majestueuses, on gare son voilier ou son hydravion au pied de son bureau, et les orques peuvent être observés depuis un building : c'est la nature invitée dans la ville. C'est sur un vélo tandem et sous un soleil radieux que nous tomberons sur le charme de cette citée cosmopolite, familiale et sportive. Notre estomac ayant toujours le dernier mot, c'est la diversité et la qualité des restaurants asiatiques qui aura renforcé le coup de cœur.

Sur ce, on termine notre ca phe nau da en ayant une pensée toute particulière pour nos amis du Vietnam.


Avis de tempête

C'est la fête ce soir à Juneau!

Glacier de Mendenhall

Cabine Deluxe!

Et plouf!

Feu de camp

Glacier suspendu

Yakari au ski

Instant contemplatif

Bienvenue au Tibet

Entre Jasper et Banff

C'est le spot mon pote!

La magicienne

Le lac Bow

Chercheuse d'or

Record à battre : 18 ricochets!

Cuisine Mobalpa

Nuages aquatiques

Bacchus est de retour

Voilà l'été, voilà l'été ohé!

Candy, Candy!

La nageuse et la mouette

Toujours dans les cartes!

ça va passer, ça va passer!

Chérie, où sont les clés du bateau?

Silos rigolos

Aurevoir Vancouver